Andrès Escobar : tragédie à Medellín

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Andrès Escobar était un joueur de football colombien. Son nom est moins connu que  la tragique histoire qui l’a rendu célèbre.

Le 22 juin 1994, lorsqu’il dévie un centre dans ses propres filets lors du match USA-Colombie, Andrès Escobar est dépité. Mais comment aurait-il pu imaginer qu’il venait, par ce geste malheureux, de signer son arrêt de mort. Son histoire est symptomatique du caractère excessif voire destructeur que peuvent parfois prendre les passions sportives.

La Coupe du Monde de football de 1994 aux Etats-Unis est la première que j’ai suivie et dont il me reste quelques souvenirs. Je me souviens de Bebeto célébrant son but face aux Pays-Bas en berçant un bébé imaginaire, du pénalty raté de Roberto Baggio en finale, et de l’heure tardive jusqu’à laquelle il fallait veiller pour voir les matchs. Je ne me souviens pas des matchs joués par la Colombie, mais en revanche je garde en mémoire qu’un joueur colombien nommé Andrès Escobar fut assassiné pour avoir marqué un but contre son camp.

Andrés Escobar Saldarriaga est né le 13 mars 1967 à Medellín. Il évoluait au poste de défenseur et était surnommé le « Gentleman du football ». A l’exception d’une saison jouée avec le club suisse des Young Boys de Berne, il a toujours porté les couleurs du club colombien de l’Atletico Nacional. Il était surtout l’un des piliers de la sélection colombienne, avec 50 sélections internationales à son actif. Agé de 27 ans lors de la Coupe du Monde 1994, il était sur le point de vivre une étape importante dans sa carrière de footballeur en s’engageant auprès du prestigieux club de l’AC Milan. Malheureusement les événements ne l’ont pas permis. Le 2 juillet 1994, Andrès Escobar se rend dans un bar de Medellín pour boire un verre en compagnie de ses amis et de sa compagne. Il se fait insulté par plusieurs clients du bar qui le reconnaissent, mais ne dit rien. Sur le parking du bar, alors qu’il est sur le point de rentrer chez lui, Andrès Escobar voit une voiture s’arrêter devant lui avec à l’intérieur plusieurs clients du bar, qui continuent à l’insulter. Humberto Muñoz Castro sort alors de la voiture et assassine de sang froid le défenseur colombien. Il ne fait aucun doute que cet homicide est lié au but marqué par Escobar contre son camp lors de la Coupe du Monde. Des témoins racontent que le tueur, Humberto Muñoz Castro, aurait crié « gol » à chaque fois que l’une des douze balles qu’il a tirées atteignait sa cible. Il se pourrait que ce meurtre n’ait pas été le fruit d’un acte décidé individuellement, mais plutôt commandité par la mafia colombienne, qui contrôle les jeux d’argent et aurait voulu faire payer à Escobar, au prix de sa vie, le manque à gagner occasionné par l’élimination prématurée de la Colombie en Coupe du Monde. Le meurtrier a été condamné en 1995 à 43 ans de prison, mais a finalement été libéré dès 2005, provoquant l’indignation de la famille du footballeur. A Medellín, un monument a été érigé en la mémoire d’Escobar.

L’assassinat d’un sportif en raison d’un but marqué contre son camp ou d’une autre action du même type est bien sûr, et heureusement, un fait rarissime. Mais on ne peut cependant pas réduire cette tragique histoire à une simple anecdote, tant elle est révélatrice de la folie qu’engendre parfois le supportérisme. Ainsi il n’est pas rare que des « supporters » (ou « pseudo supporters ») s’en prennent physiquement à des joueurs ou à d’autres supporters. Certains sont tellement impliqués émotionnellement dans la vie de leur équipe favorite qu’ils sont prêts à aller jusqu’au suicide après une contre-performance de celle-ci. Toutes ces personnes sont-elles devenues folles à cause du sport ? Ou bien se servent-elles du sport pour extérioriser la folie qui les ronge ?

 

 


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